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photo : Mathurin |
On les appelle différemment en français : les crises d'élimination, ou les crises de détoxification. Mais j'aime vraiment mieux le mot anglais qui est
healing crisis. Je trouve l'expression beaucoup plus prometteuse et encourageante, alors j'adopte la traduction littérale en "crise de guérison".
Dès qu'on modifie un tant soit peu son alimentation - vers une alimentation plus physiologique évidemment - on expérimente ces crises de guérison de manière plus ou moins forte. Il est donc
essentiel, indispensable de savoir à quoi s'attendre et de comprendre le processus que l'on met en marche, sinon on court au doute, et au pire à la peur.
3 points à savoir impérativement
1) La première chose à comprendre est que l'on appelle détoxificiation
tout changement alimentaire vers une alimentation plus physiologique et moins chargée en toxiques (producteurs d'acides). Donc, pour un habitué au steak-frites quotidien (allez, alterné, pour changer, avec une assiette de spaghettis bolognaise), le simple fait de diminuer la quantité de viande quotidienne et de consommer des pommes de terre au four à la place des frites ou du pain sera de la détoxification. De la même manière, un lacto-végétarien qui arrête de manger du fromage entame une détox.
Bref, il peut y avoir détoxification à
tous les niveaux, selon
toutes les habitudes alimentaires, du moment que l'on
diminue la part de toxiques et que l'on augmente la part d'aliments physiologiques.
2) Ensuite, si l'on poursuit dans cette voie, on va assister à une
perte de poids. Cette perte de poids est tout à fait
normale, car elle correspond à la perte d'eau ou de graisse dans lesquelles notre organisme diluait les toxines (les acides) afin de les rendre moins agressives.
Si l'on apporte moins de toxiques au corps, la nécessité de les stocker diminue. Et donc, selon les personnes,
l'œdème disparaît ou les bourrelets fondent. C'est important à comprendre lorsqu'on est, au départ, pas très épais : il n'y a pas lieu de s'inquiéter, c'est normal. Et ça peut faire une bonne motivation pour ceux qui cherchent désespérément à maigrir !
3) Nous voilà donc au stade où nous avons libéré les toxines. Mais le travail n'est pas terminé, et là, les choses sérieuses commencent ! Car il faut encore les
éliminer, ces toxines... Et c'est certainement le plus difficile, malgré ce qu'on peut en penser...
La voie de sortie la plus évidente : les principaux
émonctoires, reins et intestins. Or de nos jours, avec notre alimentation "moderne", nos émonctoires sont dans presque tous les cas saturés. Que l'on aille à la selle tous les jours ne veut pas dire que nous éliminons bien malheureusement. Nos intestins sont engorgés par une colle dûe au gluten qui d'une part en réduit le diamètre intérieur et qui d'autre part retient toutes les toxines... Les matières que nous éliminons ne sont même pas comparables à tout ce que nous retenons et qui nous asphyxie...
Bref, les émonctoires sont saturés.
Les toxines qui viennent d'être libérées par tous nos efforts vers une alimentation plus physiologique sont remises en circulation dans l'organisme, mais n'en sont pas pour autant évacuées...
Par expérience
Et maintenant je vous raconte quelques petites histoires vécues. J'ai en effet assisté à plusieurs crises d'élimination qui, pour la plupart, sont rentrées dans l'ordre très vite.
Par exemple Eugénie. Elle avait 3 ans, et un jour elle me fait une belle poussée de boutons. J'étais un peu affolée de voir tous ces boutons partout, qui la démangeaient comme pas possible... Il m'a fallu deux heures, mais j'ai fini par avoir l'intuition de l'engorgement par des toxines. Je lui ai alors fait boire une très grande quantité d'eau, et après un gros pipi sur le canapé suivi par d'autres où il fallait, les boutons ont disparu, soit en à peu près 2 heures. L'eau avait fait son travail de drainage, les reins avaient pu travailler correctement, et les toxines avaient fini par accepter de sortir non par la peau (un émonctoire certes, mais moins direct) mais par les reins.
Autre expérience : je me suis levée un jour très très fatiguée. Sans raison apparente, après une bonne nuit. Mais vraiment fatiguée. Là encore il m'a fallu un peu de temps pour que je comprenne ce qui m'arrivait : un trop plein de toxines relâchées dans mon organisme. Alors j'ai bu, beaucoup, et en l'espace de très peu de temps (après avoir uriné, car tant qu'on n'a pas uriné on réagit encore aux toxines), je me suis sentie à nouveau parfaitement en forme.
Les symptômes les plus courants des crises de guérison
On pourrait encore citer de nombreux exemples de symptômes qui disparaissent ainsi très vite quand on diminue l'apport de toxiques pour s'orienter vers une alimentation plus physiologique. Des symptômes qui peuvent être inquiétants si on ne comprend pas ce qui se passe, qui peuvent nous inciter à prendre des médicaments et/ou à courir chez le médecin alors qu'on pourrait faire sans :
- diarrhées
- douleurs musculaires, céphalées
- nausées
- insomnies, anxiété
- nez bouché / nez qui coule
- douleurs musculaires
- grosse fatigue
- éruptions cutanées diverses (avec ou sans démangeaison / type acné / plaques rouges etc...)
Tout ceci est relativement facile à traiter lorsque l'on sait de quoi il s'agit : les signes qui indiquent que l'on est sur le chemin de la guérison, et non des "allergies, des "carences" ou autres. Buvez beaucoup d'eau, soutenez les émonctoires avec des plantes (reins, intestins), prenez du
psyllium, et écoutez-vous : reposez-vous.
Mais parfois, ça va trop vite...
Toutefois, il arrive que les symptômes sont tellement gênants que l'on ait besoin d'une aide médicale. Je vais vous parler du cas de ma maman qui est allée assez loin dans les manifestations.
Elle a décidé d'arrêter lait et gluten du jour au lendemain cet été. Le premier mois a été une période de grâce, c'était formidable, elle avait la pêche, elle a perdu du poids, elle n'avait plus sommeil après le déjeuner, elle dormait super bien la nuit, et même, ses doigts tordus par l'arthrose ont presque repris leur forme de doigts de jeune fille ! Bref, le bonheur.
Mais... un jour, une otite externe s'est déclarée. Qui a caché une otite interne. Aucun remède naturel n'a été efficace*, elle a dû prendre des antibiotiques, qui eux-mêmes n'agissaient pas... Puis un kyste sur la racine d'une dent est apparu... À nouveau des antibiotiques, et une intervention chez le dentiste... Sitôt opéré, sitôt revenu, le kyste, enfin plutôt 2 kystes ! Ajoutez à tout ça une sortie d'herpès, et encore des médicaments...
Un jour, elle discutait avec une amie et racontait ses changements alimentaires. Et l'amie s'est exclamée ce qui vient à l'esprit de tout le monde dans ces cas-là : "À quoi ça sert ? Ça ne t'a pas empêchée de tomber malade et de ne pas en sortir !" !
Alors forcément, si on n'est pas conscient de ce qui se passe réellement dans l'organisme, forcément... on doute... et on a peur.
Je vais donc expliquer ma compréhension personnelle de ce qui s'est passé pour ma maman, et ce qui se passe, selon moi (suite à mes lectures, mes recherches et mes expériences) dans tous les cas similaires.
D'abord, elle a entamé son changement alimentaire
trop vite. Alors d'accord, elle a bien vu son sommeil et la forme de ses doigts s'améliorer, normal : elle cessait de prendre des neuroexcitants, donc elle se sentait plus sereine et dormait mieux. De plus, les toxines qui s'étaient depuis des années et des années accumulées dans les articulations de ses doigts en avaient été dégagées, et les tissus lésés, grâce aux apports désormais physiologiques via la nourriture, avaient guéri.
Mais
les toxines n'avaient pas été éliminées, et restaient en circulation dans sa lymphe. Je la connais, elle buvait très peu, parce que "ça me fait gonfler". Or on l'a compris, œdème = manière qu'a le corps de répondre à une accumulation de toxines, l'eau les diluant et les rendant moins agressives. Donc elle n'éliminait pas du tout les toxines qu'elle avait libérées, alors son corps a tenté de les stocker à nouveau quelque part, un coup dans l'oreille (inflammation = engorgement par les acides), un coup dans la peau (toute manifestation cutanée est une tentative désespérée du corps pour éliminer des toxines), un coup dans les dents (un kyste est encore un amas de toxines, toute infection est due aux déchets).
Et voilà, c'était allé trop loin, elle a eu besoin de médicaments pour soulager les douleurs. Or qui dit médicaments dit apport supplémentaire d'acides, qui vont à nouveau engorger le système.
J'ai au moins réussi à la faire boire plus, ce qui a permis de relancer les reins qui étaient complètement bloqués.
Mon analyse de son expérience est qu'elle aurait dû aller beaucoup moins vite dans son changement alimentaire (je dis ça maintenant, mais quand elle a commencé je n'avais pas encore étudié ce processus, je n'ai donc pas pu l'accompagner comme je le ferais maintenant). Supprimer les produits laitiers et le gluten, oui, mais sans doute pas les deux en même temps ! Ou alors les deux en même temps, mais en les diminuant progressivement, pas en stoppant leur consommation du jour au lendemain.
Elle aurait également dû boire beaucoup plus dès le début, afin de soutenir les émonctoires que sont les reins. Plus tard dans son processus, elle a commencé à prendre des plantes qui favorisent l'élimination par les reins. Si j'avais su c'est dès le début (ou même avant d'entamer son changement alimentaire) que je lui aurais conseillé de les prendre.
Pourquoi toute cette peine ?
Elle le sait, je le lui ai dit, elle n'est pas encore sortie de l'auberge... D'autres crises de guérison l'attendent. Mais elles seront moins fortes, moins violentes, et moins nombreuses si elle continue de boire en quantité suffisante et de prendre ces plantes qui soutiennent l'activité de ses reins. Le chemin est long mais elle est dans la bonne direction, et au moins, elle peut répondre à son amie : "Je ne suis pas malade, j'élimine mes déchets".
Son amie lui répondra peut-être : "Mais pourquoi toute cette peine alors que tu te sentais bien avant ?". Et là, j'espère que ma maman saura lui répondre : "Parce que j'ai pris conscience que j'avais en moi comme une
bombe à retardement. J'accumulais les toxines depuis des années, cet engorgement se manifestait par des petits maux auxquels, faute de mieux, j'avais fini par m'habituer : arthrose dans les doigts, mauvais sommeil, œdème, quelques kilos en trop, angoisses passagères, rhumes en hiver et rhume des foins au printemps... Alors oui, je faisais avec. Mais un jour, la coupe aurait été pleine, et j'aurais pu déclarer une maladie bien plus grave. Par exemple une arthrose généralisée, puisque j'en avais déjà dans les doigts, car l'arthrose est une maladie dégénérative (destruction du cartilage par les acides) qui s'étend par nature. Ou pire encore...".
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photo : Mathurin |
Conclusion
Quand on se nettoie de l'intérieur, ça doit bien finir par "sortir" ! Et si ça ne peut pas sortir par les émonctoires, ça sort en symptômes pas drôles, et c'est jugé par les autres comme des "problèmes" ou des "maladies".
Toujours dans le cadre de mes expériences qui m'enseignent ce qu'il en est réellement, j'avoue ne pas avoir vécu de "crises de guérison" aussi violentes. Simplement parce que j'ai procédé aux changement alimentaires de ma famille sur... des années. Oh, un coup de fatigue par ci, des boutons par là, mais c'est tout.
Et si j'ai été si progressive, ce n'est pas par prudence ! C'est parce que je découvrais la nutrition de manière graduelle, et que j'acceptais lentement la toxicité de certains produits que j'utilisais quotidiennement, c'est tout. C'est le reflet du chemin de mes recherches et expériences. Et c'est tant mieux car on ne fait pas la course sur ce chemin, l'important c'est d'être dans la bonne direction.
Je vous souhaite un chemin paisible à votre rythme.
Caroline
* Je pense aujourd'hui que si elle avait bu en très grande quantité dès la toute première sensation "étrange" dans son oreille, on aurait limité l'inflammation, donc la douleur, et les massages auraient été plus efficaces. Elle ne pouvait les faire à cause de la douleur externe.
NB : Je ne suis pas médecin. Je n'ai aucun diplôme de médecine, ni de naturopathie. Ces remèdes sont ceux que je donne à ma famille et que je préconise à mes amis. Ils sont le fruit d'années de recherches personnelles et ont fait leurs preuves, mais il vaut mieux consulter un médecin si les symptômes persistent.