Un million de bonheurs

J'ai récemment lu un post de Sainoor sur son site Hypnosoul (Sainoor est l'enseignante qu'avait Mathurin l'année dernière). Dans ce post, daté de 2010, elle s'interroge sur toutes les raisons qu'elle a d'être heureuse.
Ça m'a immédiatement donné envie d'en discuter avec les enfants le soir, non seulement pour avoir leur avis sur le sujet, leur opinion sur la vie quotidienne qu'ils mènent, mais aussi pour leur en faire prendre conscience. Parce que le bonheur, on n'en a pas souvent conscience... Je veux dire que si on ne se pose pas, là, maintenant, pour y réfléchir, on n'y pense pas. De la même manière qu'on n'a vraiment conscience d'avoir (généralement) des dents en bonne santé ou (la plupart du temps) des pieds qui fonctionnent bien que lorsqu'on a une carie ou une douleur en marchant, on ne se rend compte qu'on est (globalement) heureux que quand une tuile nous tombe sur la coin de la figure.

Alors j'ai interviewé mes mousses. Et la preuve que l'exercice n'est pas si facile, c'est qu'ils ont mis un certain temps à démarrer. "Pourquoi je suis heureux... Ben j'sais pas moi...". Pas d'idées, pas d'inspiration, alors qu'il y a pourtant tant de choses qui les rendent heureux ! C'est justement parce que c'est tellement "banal" qu'ils ne trouvaient rien à répondre, et c'est là que le bât blesse ! Il y a tellement de gens qui ont de vraies bonnes raisons d'être malheureux que nous devons reconnaître et avoir conscience de notre bonheur à nous.

Et puis Mathurin a soudain eu une révélation. En ce moment à l'école il travaille sur la malnutrition. Il a lu des livres sur le sujet (celui-ci par exemple), des articles, il a fait beaucoup de recherches pour mettre en place son exposé. Alors sa première réponse à ma question se justifie facilement : "Parce que je mange bien".

Et à partir de là, c'était parti. Ils m'ont donné tout un tas de bonheurs dont ils prenaient conscience au fur et à mesure.

Voici les bonheurs de Mathurin, 10 ans :
- Je mange bien.
- Je fais du tennis.
- Je vais aller à l'ONU à New York (j'expliquerai dans un autre post sa semaine à New York prévue fin avril)
- La vie est belle.
- Ma famille est super.
- Je vais dans une école que j'aime.
- Je vis dans un super pays.
- J'aime mon environnement.
- On a une vie décente.
- J'ai des amis à l'école et partout dans le monde.

Et maintenant, Eugénie, 6 ans :
- Je fais du tennis.
- Maman me lit Fantômette.
- Je ne m'ennuie pas à l'école.
- J'ai commencé le typing (taper au clavier) à l'école.
- On me laisse faire ce que je veux.
- Je mange de la salade.
- Je suis heureuse.
- On prend bien soin de moi.
- Ma famille est gentille.
- Je peux écouter des audio books.
(Notez que "on prend bien soin de moi" arrive nettement derrière "je fais du tennis". Ingratitude de l'enfance...)

Ce petit exercice leur a ouvert les yeux. Finalement, les petites frustrations de la vie quotidienne, que sont-elles face à cette avalanche de raisons d'être heureux ? Je ne sais pas si nous aurions pu trouver "un million de bonheurs", mais on en a déjà pas mal. Des gros ("ma famille est super", "je mange bien"), des petits ("je peux écouter des audio books"), peu importe. L'essentiel, c'est d'en avoir conscience.
Cet exercice peut servir de "prévention" (ayons conscience de notre bonheur) ou de "remède" (en ce moment, on traverse une crise, mais malgré tout on peut sûrement trouver des petits bonheurs pour nous aider à la supporter). Un bon exercice à faire en famille, en somme.

Caroline